jeudi 4 novembre 2010

La Méditerranée Poubelle Nucléaire

Article publié le 19/09/2009 sur www.planetenonviolence.org


Depuis plus de vingt ans la Méditerranée sert de poubelle à des déchets de produits radioactifs et autres produits toxiques, provenant notamment de Norvège, de France, D’Allemagne, des Etats Unis, le tout «traité» par l’Eco Mafia Internationale avec la complicité de certains gouvernements.

 Actuellement, alors que la mort de 6 soldats italiens tués en Afghanistan dans une guerre de plus en plus impopulaire occupe le devant de la scène, une autre tragédie mortelle et sinistre se prépare. Dans les eaux bleues attirantes de la Mer Méditerranée entourant l a péninsule italienne et ses îles, et qui lèche les côtes de 22 pays d’Afrique, d’ Europe du Moyen Orient et d’Asie, héritage caché de la Mer, son utilisation comme site de décharge de déchets radioactifs et autres déchets toxiques depuis plus de 20 ans commence à faire surface. Ce que certains dans les couloirs du gouvernement appellent une catastrophe internationale, risque à nouveau d’être balayé sous le tapis par un gouvernement italien en collusion et mêlé dés le départ à ce désastre de santé publique et écologique.

Il a été rapporté que des douzaines de navires contenant des cargaisons de ce qui pourrait être des milliers de fûts contenant des déchets radioactifs et autres déchets toxiques ont été volontairement coulés aux larges des côtes d’Italie, d’Espagne, de Grèce, et jusqu’au large des côtes africaines et d’Asie par l’Eco-Mafia internationale dirigée par le Syndicat du Crime, la « Ndrangheta « calabraise. Cela s’est passé depuis plus de vingt ans et certains au sein du gouvernement italien et des services secrets ont été impliqués et l’ont couvert. Le premier de ces navires a avoir été retrouvé, qu’on pense s’appeler le Cunsky, a été photographié par un robot au large de la côte de Certraro, une ville moyenne sur la côte thyrrhénienne de Calabre. On constate à cet endroit un fort taux de tumeurs cancéreuses et de problèmes de thyroïde, maladies qui se propagent tout le long des côtes de la Mer Méditerranée. Certraro est une ville connue des touristes partout dans le monde pour son port. Les poissons attrapés par centaines par les pêcheurs dont c’est le moyen de subsistance, sont mangés partout en Italie et vendu sur le marché international.

Cette histoire place sous le feu des projecteurs le Sud de l’Italie et les régions de Calabre dans l’orteil de la botte, Basilicata au dessus de la Calabre, Puglia dans le talon, mais aussi la Grèce et l’Espagne avec des répercussions sur tout le bassin méditerranéen. Les faits de ce désastre en cours ont été documentés dés la fin des années 90 par Greenpeace et l’organisation environnementale italienne la plus importante Legambiente. Greenpeace a suivi la trace de grands navires transportant des cargaisons qui ont disparu de la circulation internationale. On pense qu’entre 32 et 41 de ces navires ont été coulés dans les eaux internationales entre l’Italie, la Grèce, l’Espagne, mais principalement le long des côtes italiennes. Puis, en 2005, un « pentito » (repenti) de la Mafia du nom de Francesco Fonti a témoigné de son implication dans le coulage de 3 navires spécifiques, le Cunsky au large de Certraro, l’Yvonne A au large de la côte de Maratea en Basilicata, et le Voriais Sporadais, coulé au large de la côte de Maratea en Basilicata dans la mer Ionienne. Tous ces endroits sont des destinations touristiques internationales et d’importants sites d’usines de conditionnement de poissons.

La semaine dernière, un robot a été envoyé dans les profondeurs à 11 Km au large de la côte de Certraro. Là, le robot a pris des photos du navire repéré comme pouvant être le Cunsky, confirmant l’histoire du « repenti » de la « Ndrangheta » et lançant un cri d’alerte partout en Italie et dans le monde. Sur les photos on peut distinguer des fûts comme ceux utilisés pour transporter et stocker des déchets radioactifs et toxiques.

Dans les médias internationaux on rapporte que jusqu’à 41 navires auraient été coulés. On espère qu’un grand nombre de barils sont encore intacts mais personne n’en est sûr et on ne sait pas vraiment ce qu’ils contiennent. Des traces de Mercure et de Cesnium 137 ont récemment été trouvées près de la ville d’Amantea en Calabre à environ 50Km plus au Sud de Certraro. Le Cesnium 137 est un sous produit radioactif de réactions de fission hautement soluble dans l’eau et hautement toxique, avec une semi -durée de vie de 30 ans. On pense que cette contamination provient d’un autre navire, le Jolly Rosso, qui s’est échoué au large de la côte calabraise en 1990. La cargaison du Jolly Rosso a été illégalement déchargée près d’Amantea sur une colline le long de la rivière Oliva. Amantea présente une recrudescence de tumeurs et la température du sol autour de la zone contaminée est selon ce que l’on dit de 6 degrés plus élevée que la normale. La population demande la vérité et une action du gouvernement.

Il faut une coopération internationale pour trouver et enlever ces navires coulés au fond de la mer. Cela nécessitera une prise en charge énorme et sans précédent surveillée de près par des organisations internationales, l’Union européenne et les Nations Unies. Pour l’instant, le Japon a offert son aide car une grande partie de leur pêche au thon est réalisée en Méditerranée entre la côte d’Espagne et de Sardaigne. Il existe une véritable inquiétude ici que les liens entre les gouvernements passés et présent et l’Eco Mafia Internationale ne perturbent les efforts pour enquêter complètement sur l’étendue de la catastrophe ou pour tenter rapidement de limiter les dommages déjà causés. Selon le « repenti » Fonti, il était en contact avec des agents des services secrets italiens – SISMI – et des responsables gouvernementaux en 1992 quand il était impliqué dans le coulage de ces navires.

L’auteur et membre du parlement italien, Leoluca Orlando, sans blâmer le gouvernement directement ou un responsable gouvernemental en particulier, a dit que les gens dans le « système politique » ont aidé le réseau criminel.

« Pouvez-vous vous imaginer que cela puisse se produire sans que personne à l’intérieur du système, à l’intérieur du système politique, à l’intérieur de la bureaucratie, de l’état, ne soit lié avec ces criminels ? » a-t-il dit. « Je suis sûr qu’à l’intérieur du système officiel il y a des amis, des personnes qui ont protégé cette forme de criminalité ».

Francesco Neri, un fonctionnaire travaillant au sein du directoire anti –mafia calabrais, a dit qu’on ne savait pas exactement qui voulait traiter ces déchets mais que cela ferait partie de leur enquête. Fonti, le repenti, a déclaré que les déchets dont il s’est occupé venaient de Norvège, de France, d’Allemagne et des Etats Unis.

Ilaria Alpi, une journaliste a suivi la trace de ces armes et déchets toxiques d’Italie jusqu’en Somalie. Elle a travaillé pour la télévision publique la RAI. En 1994, elle et son cameraman, Miran Hrovatin ont été abattus à Mogadishu dans des circonstances mystérieuses. Beaucoup croient, dont le repenti de la Mafia, Fonti, qu’elle a été tuée car elle en savait trop sur la collusion entre la Mafia et l’armée italienne.

Cela fait presque deux ans que je vis en Calabre avec ma femme et notre magnifique bébé de 18 mois, Gaïa Valmaree, nommée à la fois en l’honneur de la Terre Mère et de mon autre mère. Lors de notre retour de visite de villes polluées Toledo et Détroit, nous avons été alarmé et choqué d’apprendre que la mer Tyrrhenienne dans laquelle Gaïa s’est baignée depuis sa naissance, avait été internationalement empoisonnée par des déchets radioactifs et autres produits toxiques depuis plus de 20 ans. Nous avons été particulièrement choqués et dégoutés de découvrir que des responsables gouvernementaux avaient connaissance de toute cela depuis le début. Et nous sommes furieux qu’une journaliste ait été tuée, probablement pour avoir essayé de révéler la vérité sur le traitement de déchets par l'Eco Mafia Internationale et ceux au gouvernement et au sein de multinationales dont les intérêts convergent.

Michael Leonardi – 18-20/09/09 Edition du weekend www.counterpunch.org
Il vit actuellement en Calabre où il enseigne l’anglais à l’université de Calabre à Cosenza et au lycée hotelier de Maratea. Email mikeleonardi@hotmail.com

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